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3 mai 2011 2 03 /05 /mai /2011 10:39

 

 

Belgicana 31Comme un jeune puceau submergé par l’excitation d’une première nuit torride, il découvrait les plaisirs de l’Arlésienne.

 

Jeudi 21 heures, départ de Liège pour un voyage à quatre.  Dans la voiture Patrice, Sabrina « Chouchou », Stéphanie et moi.  Patrice est déjà dans sa Feria, le jeune aficionado a tout préparé 1 kg de chips, des sucreries et à boire pour un voyage de moins de 10 heures.  Aura-t-on assez ?

 

Au programme du voyage Pasodobles et une tonne de questions sur la corrida, j’essaye de répondre comme je peux, cette passion me touche, j’étais pareil à mes débuts, toujours à poser des questions pour en savoir plus.  J’aimerais tant qu’il garde à jamais ce regard enthousiaste sur ce spectacle brutal et que l’émotion continue à l’emporter sur la raison.  A l’arrière les femmes somnolent, Stéphanie est déjà dans sa Feria, Sabrina pense certainement à ce qu’elle ressentira lors de son premier contact charnel avec le monde de la corrida.

 

Vendredi 10 h 30 on arrive dans Arles, non sans avoir fait une halte à Dijon dans un hôtel de routier pour quelques heures de sommeil bien méritées.  Arles s’éveille, les terrasses s’installent, le brouhaha de la Feria envahira dans quelques heures le boulevard des Lys, entretemps les arlésiens, mélange d’espagnols, gitans et beurres, ne s’agitent pas trop ce sont des gens du sud, on ne se stresse pas dans le Sud. 

 

L’arlésienne est belle, son âme est chaude, dans ses veines coulent des histoires d’hommes et de taureaux, j’en tombe amoureux au premier regard.  Nous nous dirigeons d’un pas pressé aux arènes romaines.  Malgré son imposante allure, elle se veut timide entouré par d’innombrables petites maisons d’où sortent des effluves de pastis et d’ail.  Ce matin, novillada sans picadors.  Au cartel espagnol, mexicain(e) et français.  Première émotion, on se retrouve entre amis, de cette amitié saine que je ne trouve que dans le monde de l’aficion.  Meryl, Manu, les Guy, Marc, Maurice, Philippe et d’autres, nous voilà réunis, les embrassades sont franches, amicales et familiales.

 

11 h La novillada de Tierra d’Oc a enfin débuté, à vue d’œil plus de 2.000 personnes sont venues voir les débutants.  Les novillos de bonne présentation sortent bien, les apprentis toreros transmettent peu d’émotions, il semble tous sortir d’un même moule avec certaines petites nuances…  Mais soudain sort Paola, jeune mexicaine machote, elle déploie son capote les véroniques s’enchaînent pour terminer par une demie au centre, les tendidos grondent.  On se regarde avec Meryl qui me lâche son habituel « c’est bon ça », j’acquiesce sourire aux lèvres.  Paola prend la muleta, l’arène retient son souffle, on sent que ça va faire du bien.  On ne se trompait pas, du toréo, du vrai, un air de Morante…  Elle met les reins, le jeu de poignet est très bon, ce seront les plus vrais olé de la Feria, elle manque de métier mais ce diamant ne demande qu’à être taillé.  Je veux te revoir Paola, tu m’as charmé.

 

La course se termine, dehors tertulia habituelle, Paola est sur toutes les lèvres, son goût est agréable et léger. Soudain apparaît Sabrina, les yeux pétillent, le sourire est large, le verdict sans appel avec son accent liégeois « j’ai adoré, je reviens cet après-midi et je veux voir toutes les corridas de la Feria ». On est heureux, Sabrina s’est convertie.

On va voir le loup, pastis au rendez-vous, dans la rue on s’embrasse avec les amis habituels des Ferias, le temps est doux, on sent qu’on vit, on est heureux…

 

17 h 30 On vit à la tradition des Ferias française avec course le matin et l’après-midi.  Au départ j’étais peu emballé par cette tradition, à l’arrivée j’adore ces journées pleines de toros.  C’est du lourd alternative de Tomasito, avec El Juli et Manzanares, toros de Garcigrande. Les toros nous auront surpris par leur présentation et leur jeu, Juli est égal à lui-même une technique parfaite, dominateur, juste dans ses touchés de capes, toujours à la bonne hauteur, dommage qu’il torée de si loin, son premier toro plein de noblesses sera même indulté mais ce ne sera que pour la petite histoire, le public me déçoit je croyais la France taurine plus sérieuse…  Son second toro est plus compliqué mais Juli reste El Juli, alors qu’un autre aurait sous douté séché, lui arrive à mettre le toro dans sa muleta et à lui faire ce qu’il veut, grand moment de lidia…  Manzanares, l’esthète, ne m’a pas déplu, un jour peut-être arrivera-t-il à me convaincre, son côté artiste passe plutôt bien mais il manque de remates à mon goût…  Tomasito, pauvre Tomasito, ce regard triste, cet air de Manolete…  Il reçoit son premier porta gaiola, au lieu du silence habituel pour une passe si risquée, en Arles, le public tape des mains comme si on se préparait à voir un sauteur à la perche.  Ces applaudissements me dérangent.  Le toro est bon, Tomasito l’est moins, il manque de planche… il manque d’un entourage taurin qui l’aurait mieux préparé pour un tel évènement. Second toro, l’air est toujours aussi triste, il brinde à l’arène, jette sa montera qui tombe à l’envers, son visage se décompose un petit peu plus, il a l’air de sentir que l’après-midi va tourner mal… et effectivement après s’être placé au centre de l’arène, sans même avoir donné une passe, le toro le prend, les femmes hurlent, il vole comme un chiffon, la corne le pénètre par deux fois… baptême de sang comme matador de toros, pauvre Tomasito, il ne méritait pas ça.

 

On sort de l’arène, à notre tour de rentrer en piste, la nuit de Feria peut commencer. 

 

Premier tercio à l’Espace Van Gogh, Philippe, notre ami Président du Ruedo Newton, présente le prix littéraire, on l’indultera à la fin de la conférence, récompense suprême réservée aux vrais braves.  Ricard offre l’apéro et les tapas, on est heureux, on refait la course, on rencontre le mundillo parisien et arlésien.  Whiky whiky whiky, je m’embrume, l’arlésienne frappe à ma porte, je la trouve délicieuse. 

 

Deuxième tercio Passage obligé à la Bodega des Amis de Roman Perez, dans laquelle trône le toro de Jupiler, un petit clin d’œil à nous les belges…  La nuit va être chaude, sangria, champagne, vin et bière, tout y passe, dans la brume je vois toujours l’arlésienne, elle m’entraîne sur des danses chaudes et endiablées, un goût d’interdit m’envahit, heureusement pour moi, mon fidèle ami Meryl veille au grain, m’attrapant par le collet et me remet dans une certaine réalité.

 

Troisième tercio J’ai failli me prendre la puntilla, retour au campement… L’Arlésienne est douce et chaude, je m’endors dans ses bras comme un nourrisson.

 

Samedi 10 heures réveille en colonie de vacances, notre appartement ressemble à celui de jeunes étudiants partis en Erasmus, brouhaha et foutoir, j’adore ça pour le petit déjeuner qu’on ne prendra pas.  IL PLEUT ça doit être Stéphanie qui porte la poisse, elle traîne toujours avec elle un jour de pluie d’après ses dires.  On arrive aux arènes sans illusion, la novillada ne se donnera pas, soi-disant pour préserver la piste… « L’apéro va être long » me souffle le Marquis Emergencia.  Je prends finalement un petit déjeuner aux pieds des arènes, œufs et jambon, la serveuse est ravissante, vive l’arlésienne…la revoilà.

 

L’après-midi se passe on mange, on rit et on boit. Qu’elle est belle cette Feria avec ces innombrables rencontres. A 16 heures entrevue avec Philippe et une journaliste de la fameuse « LA PROVENCE », Philippe et moi parlons de notre passion commune, de nos peñas, le ton est cordial mais très vite nous partons dans un délire érotico burlesque qui amuse fort notre interlocutrice. Séance photo. Départ pour la corrida.

 

17 h 30 corrida de Nuñez del Cuvillo pour Juan Mora, Juan Bautista et El Fandi.  L’attraction du cartel reste le quadragénaire Juan Mora, son lot ne lui servira pas.  Malgré ça, ces 4 capotazos et 4 ou 5 muletazos nous réconcilient avec le toréo pur, le vrai.  Juan Bautista est égal à lui-même grande technique, faible à gauche, il enthousiasme le public par son rythme, les oreilles tombent, pour l’émotion on repassera.  El Fandi venait banderiller, mission accomplie.  Tarde à oublier ou du moins tarde qui ne restera pas gravée dans ma mémoire.  Je sors des arènes, je rencontre Marc Serrano et nous faisons un bout de chemin, j’aime beaucoup ce Maestro, il est torero ça se voit, ça se sent, le pas lent, la démarche sûre, nous parlons des toros, du mundillo, de sa saison, je profite du moment. 

 

21 h 30 Rendez-vous à la Bodega des Amis de Roman Perez, qu’on n’aura pas vu de la Feria (dommage), on devait remettre un prix pour la novillada, mais la suspension en a voulu autrement.  Malgré tout un prix est décerné à Patrick Laugier, l’homme aux allures de rugbyman, est un peu rustre mais très attachant, on se fait un plaisir de le recevoir à Bruxelles avec Marc Serrano.  Les nuits vont être courtes, Patrick aime la fête.  Très vite je succombe aux plaisirs de l’Arlésienne, une jeune femme blonde au regard dur et sourire d’ange me captive, je suis envahi par la fougue de l’adolescence, sur un perron on échange quelques baisers, moments magiques d’une étreinte furtive, 4 heures du mat … putain et pas de taxis dans Arles.  5 h finalement au lit, qu’elle est belle l’arlésienne mais je succombe à une parisienne.

 

9 h 15 réveil dur, gueule de bois, on est dimanche, moitié de Feria.  En route pour les arènes, corrida d’Olivier Riboulet, l’ami ganadero m’ayant offert ma plus belle corrida de toros, j’ai un énorme espoir dans ses toros, moins dans les matadors, Luis Vilches, qui torée le lendemain à Sevilla, Israel Tellez, qui revient de blessure et Marco Leal, l’arlésien de service. 6 Aurochs sortent des chiqueros, presque 6 ans, monté comme des buffles, les picadors volent à chaque charge, on se croirait au 19ème siècle.  Malheureusement, ils sont un peu tardos dans la muleta, mais une fois que les hommes devant ont le courage de la laisser sur le museau et de tirer de l’animal, les toros réagissent avec une certaine classe.  Il faut être couillu pour rester devant, les matadors ne le sont pas assez et doivent constamment se replacer. On sort déçu, rendez-vous à Saint-Gilles le 25 juin pour revoir les toros d’Olivier.

 

13 h 00 on se retrouve chez Pierre, le papa de Jérémie, qui nous loge durant la Feria.  Un dîner de famille entre amis, je suis le dernier venu dans la famille, à table Pierre, Jérém, Pierre-Yves, Manu, Méryl, Stéph, Marie, la maman et moi.  Je me veux discret, ce sont des moments à eux, chaque année le même rituel, on parle toros mais pas trop fort, car Marie n’aime pas ça, on se vanne, on rit…  Pierre en patriarche préside la table et savoure chaque instant qu’il passe à nos côtés, le moment est émouvant, mais d’une belle émotion celle qui nous manque dans l’arène.  Merci à cette famille pour l’accueil qu’elle m’a réservé, pour m’avoir adopté.  Qu’elle est belle l’Arlésienne, même sous son air maternel.  Mon esprit s’évade et se pose sur une parisienne au regard dur et sourire d’ange…

 

17 h 00 corrida de Fuente Ymbro, pour Victor Puerto, Abellan et Tejela, cartel qui peut créer la surprise.  Victor Puerto a une certaine élégance mais son lot ne sert pas, il est a gusto et prolonge trop ses faenas, le public qui me déçoit encore un peu plus le siffle injustement. Miguel Abellan sort en piste, son premier est un jabonero, bonito, bien au capote, la faena de muleta démarre en force, Abellan met l’animal à distance, un toque est sa démarre, faena d’empaque, sans trop baisser la main, les tendidos grondent, enfin un peu d’émotion, la seconde série est aussi bonne, on sourit, notre Feria taurine prend de l’allure, malheureusement Abellan comme à son habitude se conforme, il ne va pas chercher ses deux oreilles que le toro lui tendait.  Estocada un peu caida, oreille, il nous avait mis l’eau à la bouche, on reste sur notre faim.  A son second, de nouveau bonne faena, les naturels sont lentes, par en bas, ça fait du bien de le voir toréer.  Dommage, le toro a moins de force, on restera sur notre faim, une autre oreille.  Tejela bâcle au premier, à son second de menos a mas, une autre oreille, on s’en va avec ce goût de trop peu, pour une bonne corrida.

 

20 h 00  J’ai rendez-vous comme protagoniste de la tertulia des Chiquillos d’Arles, 200 personnes ont fait le plein d’une jolie cour arlésienne, je m’enfile 2 San Miguel comme pour me donner du courage avant d’affronter la foule.  Le discours est assez plat, je sors un peu des sentiers et ose même quelques doblones sur le mundillo arlésien, je risque le lynchage, heureusement je sors indemne. 

 

22 h 00  Bodegas, sangria, champagne, vin, etc etc la nuit est encore une fois longue, ma parisienne est résistante, un brin chiante, j’adore ça, je craque, elle résistera.  Il est tard et toujours pas de taxis…  L’arlésienne est déjà nostalgique pour une fin de Feria…

 

Lundi dernier jour

11 h 00 tienta à Fontvieille, Morenito de Nîmes, Juan Bautista et un practico, accompagnés de quelques élèves des écoles taurines du coin. Ca fait du bien de revenir aux racines d’une bonne tienta, on prend plein de plaisirs, les maestros et le practico, sont vraiment bien face à d’excellentes vaches des frères Granier.  Dans les tendidos, pan y salchichon

 

13.30 Meryl et sa maman, nous ont préparé un pique-nique aux Moulins de Daudet, pour l’anniversaire du vice-président, surprise Morenito de Nîmes nous accompagne…  On passe un de ses moments inoubliable, simple et doux, on parle de toros, toreros, foot, gay, bas roses, costume de lumière, cuisine provençale.  On aimerait que ça dure encore des heures tant on est bien.  Mais la corrida de Miura nous attend.

 

17.00 Enfin la miurade débute, si peu d’émotions face à des miuras trop nobles, au cartel, El Fundi, Alberto Aguilar et Medhi Savalli.  Nos esprits sont ailleurs, nos yeux laissent passer la tristesse de fin de Feria, la nostalgie m’envahit fortement, si je pouvais me cacher derrière des lunettes de soleil des larmes couleraient.  On sait que demain tout redeviendra comme avant, au loin je vois l’arlésienne me saluer de la main et s’en aller vers l’an prochain.  Je pense à ces 4 jours de folie, à la parisienne du nord, aux Andalouses, à la Bodega, mon cœur est lourd, rien ne sera plus pareil.  Fundi affiche un bon niveau à son premier toro, mais reviendra-t-il un jour à son meilleur niveau ?  Aguilar est pris de panique face à ses deux toros qui retournent presque vivant aux corrales.  Savalli me plaît à son premier toro, le torero a mûri, il peut marcher dans ces corridas dures.  Alors que tout semblait devoir s’éteindre avec douceur, l’orage gronde sur nos têtes pour nous sortir de notre léthargie, Savalli fait le chaud, fait le show, l’arène vit, la Feria meurt.  Nous quittons les arènes sous des larmes de pluie.  Premiers au revoir.

 

On passe chez le loup, les rues se vident, on se retrouve entre belge, on rigole encore un peu pour ne pas pleurer. Heureusement, nous amorçons une lente descente dans un petit resto arlésien en douceur entre amis.

 

La Feria est finie.  Les cuisses chaudes de l’Arlésienne me manquent déjà.  La parisienne ne m’attendra pas.

 

 

El Belga

 

 

 

En lien la reseña d' El Boby

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28 avril 2011 4 28 /04 /avril /2011 11:09

 La-provence.png

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13 avril 2011 3 13 /04 /avril /2011 07:44
La Belgicana Photo
 
Jean-Charles Olvera Francia

Lo bueno de la afición a los toros y a la tauromaquia es que no tiene fronteras. Así de los toreros. Uno puede nacer fuera de un país taurino y ser icono de una afición como lo fue Christian Montcouquiol Nimeño II, nacido en Alemania e ídolo de la afición francesa de la década de los 80. O puede tener orígenes lejanos al mundo del toro como Sebastián Castella, torero de madre polaca (la Sra. Turzack), contradiciendo los que piensan que el duende o el sentimiento en el toreo solo se pueden heredar por genes que existirían únicamente en los territorios taurinos.

Lo mismo para los aficionados. También se puede vivir su afición en tierras foráneas al mundo del toro, reuniéndose entre aficionados que viven la misma pasión. Sea en la Unión Americana como en Nueva York con el New York City Club Taurino o en la Unión Europea en zonas sin toros como en el norte de Francia con el Club Taurino de Paris, el Ruedo Newton, Culturafición o el Circulo Taurino La Querencia, ambos clubes parisinos. También los hay en Italia con el Club Taurino Milano o en Inglaterra con el Club Taurino of London.

 

Logotipo de la Peña Taurine de Bruxelles La Belgicana

 

El caso particular de Bélgica es interesante. Su capital Bruselas, también capital europea, es una ciudad francófona en tierra flamenca, y se la considera por lo tanto como última ciudad latina del Norte. Y como latina que es, alberga un núcleo de aficionados francófonos en el Club Taurino de Bruselas, y desde este sábado 9 de abril en la nueva Peña Taurina de Bruselas La Belgicana (de la Unión de Clubes Taurinos de Paul Ricard, UCTPR), presidida por Esteban Salido Fernández.

 

 

El nombre de esta Peña lo pensaron como homenaje a la que fue única torera belga, Eugénie Bartes La Belgicana, quien toreó por plazas exóticas en Brasil, Cuba, pero también en México y España por los años 1890. También es un homenaje a la Bélgica que vio corridas de toros cuando estas aparecieron en esa misma época (fin del siglo 19 / principio del siglo 20) como en Bruselas en 1875, Namur en 1910 o en Roubaix, ciudad francesa de las Flandes en la frontera belga.

 

Una de las raras fotos de la corrida de Namur (Bélgica, 1910)

 

Corrida española en el Torodrome de Roubaix, Flandes francesas (circa 1900)

 

 

Si ya no hay toros en Bélgica hoy en día, por lo menos persiste en Bruselas, corazón de la Unión Europea, la herencia de una afición a los toros. Porque la afición a los toros no tiene fronteras.

 

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4 mars 2011 5 04 /03 /mars /2011 10:07

Voyage-Sentimiento-Toreo 4285Pour sa première activité, la toute récente Peña taurine Paul Ricard de Bruxelles avait décidé de s’exporter loin du plat pays. Un voyage intitulé Sentimiento Torero  qui allait nous amener de Madrid à l’Estrémadure en passant par Castille-la-Mancha, quatre jours pour devenir torero ou presque.

 

Jeudi matin. Dans le métro bruxellois costards et attaché-case s’agglutinent, je jubile… dans ma valise :  cape et muleta. Quelques heures plus tard au Terminal 2 de Madrid, nous les socios belges à la peau terne sommes tout heureux de retrouver l’ami soleil parti depuis si longtemps. La journée est déjà bien entamée mais le programme n’en est pas moins chargé.

13h30. Visite chez le sastre Justo Algaba, l’occasion de mieux comprendre les diverses étapes de la fabrication d’un costume, nous en profitons pour compléter notre équipement du « parfait torero » et faire nos premières passes de cape.

 

17h00. Après un repas bien mérité et une sieste remise à plus tard, nous avons rendez-vous à l’école taurine de Madrid « Marcial Lalanda ». Un lieu magnifique, verdoyant, chargé d’histoire mais qui tombe légèrement à l’abandon. Les corrales sont déserts, l’herbe envahit les lieux et les murs s’effritent. C’est triste à dire mais durant la visite faite par Feilipe Diaz Murillo, le directeur de l’école, j’avais l’étrange sensation d’être un archéologue qui redécouvre à travers une ruine la grandeur d’une culture passée. Heureusement, les nombreux élèves de l’école me redonnent espoir d’autant plus que les jeunes pousses ont déjà toutes les attitudes de leurs idoles.

 

21h00. Changement d’arènes, Las Ventas impressionne toujours. Certains de nos socios la découvrent pour la première fois et chacun tente de l’imaginer un jour de corrida, un jour de folie. Pour l’heure et ça devient une tradition en février, c’est le cirque avec ses tigres et ses éléphants qui s’emparent de la piste. A deux pas d’ici, à la Taberna la Tienta, nous attend le matador nîmois Marc Serrano désormais madrilène. Le torero nous séduit par sa gentillesse, sa franchise et sa proximité. Le repas traîne en longueur nous reparlons de son parcours, de la saison à venir (reprise à Vergèze face aux Toros de Yonnet), des corridas dures… sur le mur du restaurant, deux têtes de toros lui font face l’un de Nunez de Cuvillo et l’autre de Adolfo Martin, on lui demande lequel il préfère et nous répond sans hésiter.

 

Vendredi matin. Le groupe s’agrandit un peu plus avec l’arrivée de Philippe & Maurice respectivement président et vice président du Club taurin Paul Ricard « Ruedo Newton » de Paris. 10h45. Nous sommes désormais une petite vingtaine à prendre place dans nos coches de cuadrillas. Direction le sud à Alcazar de San Juan dans la Finca de cuadrilla. Une habitude puisque nous étions déjà venus l’année dernière y faire nos premiers pas… et pour que le tableau soit complet, le torero Anibal Ruiz notre « professeur » est également présent. Au loin, les moulins de Don Quichotte nous observent toujours. Au pays de Cervantes les naïfs sont rois et à vrai dire nous ne jurons pas dans ce décor.

 

13h45. Paseo de fortune. En piste une brochette de Manu(s), le premier est Morantiste, contrairement au nom qu’il a fait inscrire sur sa cape « Japon » Manuel est un véritable Belgo-espagnol, le second pourrait se surnommer volontiers, tel une superstar du catch « le Picador de Barbantane », le troisième, un pur bruxellois véritable sosie de d’Artagnan à moins que ce ne soit celui d’Athos, de Portos ou d’Aramis . Avec son chapeau « Cordobes » Bernard est le chainon manquant entre le Bernardo de Zorro et le Sancho Pansa de Don Quichotte. N’oublions pas les deux hommes en noir Damien et  Guy « Ardisson », Bienvenido et sa chemise canadienne, Esteban (notre président) ne cache pas ses origines sur sa cape tout un programme « el Bega » et du côté des Ricard français du Newton, impossible de louper Philippe, on jurerai que ce dandy s’est échappé d’un tableau de Toulouse Lautrec, ni Maurice qui torée la muleta d’une main et l’Iphone dans l’autre, il écrit nos fait et gestes en direct pour « Radio Paris Mundillo », quand à l’auteur de ces lignes, baskets, barbe de trois mois, lunettes noires et casquette collector de « Camping 2 » !

 

14h14. Ouverture du corral. Les vaches sont moins bonnes que la fois précédente mais le résultat est le même, des chutes, des coups, beaucoup d’émotion et de rires. Même si l’on progresse en toreo de salon, face aux vaches la peur reste présente, et notre style reste inchangé : le cul en arrière- les jambes dans l’avion. Nous ne serons jamais torero mais là n’est pas notre but. Notre démarche est simple comprendre un peu plus notre passion. En ce sens, j’imagine, le simple fait d’ « y aller », de « s’envoyer » offre à chacun d’entre nous des souvenirs formidables. Notre groupe aussi éphémère soit-il est marqué au fer rouge par cette expérience. Et je sais que dans l’œil de mes collègues nous partagerons toujours ce sentiment, celui d’y être allé ensemble. Dans les voitures on refait le match, on revit nos exploits… Belinda, Julie et Stéphanie ont la délicatesse d’être d’accord avec nous « Bien sûr, c’est la vache qui était mauvaise ». Et puis il y avait cette femme venu de nulle part en talons aiguille qui à sa manière a fait un espontaneo cape en main. Elle parlait à la vache comme on le ferait pour un chien « Paquita ! Tu veux passer à droite ou à gauche ?» La vache choisi le milieu.

 

Samedi. Nous prenons la route de l’Estrémadure direction la Finca de Mariano Cifuentes. Esteban nous a inscrits à un concours d’aficionado praticos. Il y a un côté Star Ac dans cette journée. Sur place une cinquantaine de practicos tous habillé de campos… Nous ? Pas mieux que la veille. Passons.

 

10h40. Chaque participant récupère son numéro, pour moi le 38. Dans l’arène de tienta, nous sommes divisés en trois groupes, chacun dirigé par un matador, notre professeur : Anibal Ruiz. A l’issue du cours, il devra sélectionner les meilleurs d’entre nous pour toréer l’après-midi. Déploiement de capes. Autour de nous les locaux impressionnent, quites fleuris en tout genre, ils enchaînent l’abécédaire des passes. Les jeux sont déjà faits. Tant pis pour les vaches nous sommes là pour apprendre. A la fin de la matinée, le responsable de la journée le torero Rafael de la Vina fait le bilan de chaque groupe avec les professeurs. Sans doute Annibal a-t-il voulu nous pousser et nous sommes trois sélectionné les  31, 45 et 38 respectivement Estéban, Manuel et moi. Les chocottes. On s’éclipse voir les bêtes. Plus grosses que la veille mais sans corne dangereuse. Pas rassuré pour autant, on se dit on verra, on verra comment seront les autres…

 

14h25. Quelle drôle de sensation que celle d’être annoncé à un cartel (même celui-ci, il y a quand même un picador). Après un très sympathique repas champêtre passé la boule au ventre, les choses sérieuses commencent. Rafi de la Vina au centre de la piste annonce un à un les prénoms des sélectionnés une jolie vingtaine, dans les gradins le public (à peine le double des piétons) s’impatiente, pas moi. Trois vaches trois groupes nous passerons les derniers. Au palco Mariano a pris soin de prendre avec lui son vieux lecteur casette. Il chipote aux boutons et lance la musique celle d’un orchestre devenu nasillard au fil temps. On se rassure petit à petit en voyant que les autres praticos ne sont pas aussi bons que les promesses qu’ils avaient dégagées le matin. Même si certains ont un niveau enviable, les roustes pleuvent et nous comprenons que même sans rien faire nous ne serons pas si ridicules. Philipe et Maurice décernerons la palme du ridicule à ce practicos bedonnant qui  dans un geste de « virilité » hurle sur la bête en se cambrant en arrière pour mieux la défier mais c’est son bidon qui petit à petit sort de sa chemise… Padilla n’aurait pas osé.

 

17h15. En fin de journée notre tour arrive enfin. Je rentre en piste en regardant mes pieds, à peine la force pour jeter un rapide coup d’œil vers nos copines. Il va falloir être bon, nous les « practicos de Belgica » car nous sommes un peu devenu la curiosité du jour. La Vina distribue les ordres de passage Estéban et moi interviendront en dernier, c’est une bonne nouvelle la vache sera moins mobile. Derrière mon burladero, je discute avec l’un de mes confrères. Celui-ci  m’explique que le premier à passer est un novillero avec lequel il s’entraine. Nous sommes dans un groupe de haut niveau et pour le coup ça torée ! Quand mon collègue de burladero s’élance en quatrième position la vache est déjà en fin de course. Vient le tour d’Esteban, il est digne, espagnol mais rien n’y fait. La vache ne veut plus passer, ou presque. Rafael de la Vina l’interrompt et crie « siguente ! ». Je sors de mon coin le cœur battant, dans ma tête un seul but : sauver les meubles. Je m’approche de la vache quand la Vina m’arrête, je crois qu’il a un peu peur pour moi et me propose de toréer avec lui à la cape. J’insiste pour y aller avec la muleta. Trois heures d’attente et de préparation mentale interrompu à trois mètres du but. Ça m’énerve mais il a sans doute raison. M’y voilà. Je m’arrête à un mètre devant la vache, la regarde, tente de me calmer, de me croiser, lentement j’approche la muleta de son œil contraire, la site, une fois, deux fois, à la troisième elle s’élance mais s’arrête dans mes pieds et donne des coups. Je me dégage j’y retourne mais rien à faire. La bête est sur la défensive. Alors la Vina me coupe et me fait toréer avec lui à la cape « al limon ». Nous faisons passer trois fois la vache entre nous puis nous nous congratulons mutuellement. Manuel est le dernier belge à pouvoir sauver l’honneur torée la vache suivante. « Venga Manuel ! » trente secondes après son entrée en piste la vache s’élance, le renverse et le piétine. Manuel se relève sonné, le pull taché de sang et y retourne « Venga Torero ! » Après quelques hésitations la vache s’élance à nouveau, Manuel s’enfuit, jette sa muleta et se précipite dans le premier burladero venu. Après la course, il nous confira être heureux. Heureux d’avoir pris sa première rouste et heureux d’y être retourné.  Il peut.

 

18h46. Nous partons avant les résultats car la route est encore longue jusqu’à Madrid… Le soir, on se réconforte au Vina P, à grand renfort d’asperges et de solomillo… C’est là que nous apprenons que c’est un jeune trisomique qui a reçu le prix du meilleur practicos… Il avait toréé avec Raphael de la Vina à la cape et chaque passe était une victoire après trois passes sa joie et son énergie avait conquis l’arène. En pleine confiance, il voulu même faire une larga à genoux mais les maestro l’en dissuadèrent. Peu importe comme les autres,  il a  réalisé un rêve d’enfant mais il est le seul à avoir fait une vuelta, salué la présidence, le seul à faire descendre les olés des gradins. Preuve en est que l’émotion n’est pas qu’une affaire de technique. Ce torero d’un jour nous l’a à tous rappelé. Olé maestro !

 

Dimanche à Vistalegre. Rien à dire ou presque. Morante nous offre notre ultime cours de toreo. Le voyage s’achève par une longue tertulia dans les cafés des alentours. Nous y retrouvons Francis Wolf pour régler les derniers détails de sa venue à Bruxelles le 9 avril prochain, le philosophe nous fera  le pregon de la Pena taurine de Bruxelles, histoire de fêter en beauté la naissance de notre association. En attendant, les plus courageux s’achèvent au Burladero où souvenirs et Whisky-coca déjà se mélangent. Je hais les lundis.

 

EL BOBY

 

http://telecorrida.over-blog.com/

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La Belgicana? Quien es?

La Peña Taurine emprunte le nom de "La Belgicana" une des premières femmes torero du XIXe, de son vrai nom Eugénie Bartès. Cette Bruxelloise de naissance (c'était le 14 mars 1876)  est à notre connaissance la seul(e) Belge a avoir revéti le costume de lumière.  Pour en savoir plus voici un article d'El Enano (cliquez sur la photo) publié... le 1er avril 1895, ça ne s'invente pas et pourtant la Belgicana a bel et bien existé. Le Club Taurin Paul Ricard "la Belgicana" est né officiellement le 9 avril 2011 à Bruxelles, le philosophe Francis Wolff (notre premier invité, ici son fabuleux Pregon) fut le témoin priviligié de la deuxième naissance de la Belgicana. Le CTPR la Belgicana est jumelée avec les clubs taurins Culturaficion et le Ruedo Newton à Paris.

La-Belgicana-Photo.jpg     

Archives

Ils sont venus à Bruxelles

Francis Wolff (Philosophe)

Dominique Perron (Président de l'UCTPR)

Miguel Angel Martin (Fundacion Eurotoro)

Vincent Blondeau (Professeur de toreo de salon)

Marc Serrano (Torero)

Patrick Laugier (Ganadero)

Serge Almeras (Apoderado)

Fabio Castañeda (Torero)

Pierre Vidal (Journaliste)

David White "El Irlandes" (Torero)

Olivier Mageste (Taurino)

Juan Mora (Torero)

Alain Montcouquiol (Ecrivain)

On est allé chez eux

Mariano Cifuentes (Ganadero)

Anibal Ruiz (Torero)

Patrick Laugier (Ganadero)

Ecole taurine de Madrid

Justo Algaba (Sastre)

Marc Serrano (Torero)

Los Eulogios (Ganadero)

Vincent Fare (La Paluna)

AMTF

Victorino Martin (Ganadero)

Dias Coutinho (Ganadero)