Sebastien Castella, dimanche.
Samedi soir à la sortie des arènes, je tombe sur Emma Falubert un Perrier à la main, l’insaisissable parisienne s’enthousiasmait de voir l’amphithéâtre romain plein à l’occasion du mano a mano torista Victorino vs Miura. Elle a raison Emma, c’est la force de Casas, créer la surprise et l’intérêt mais ce mano a mano était aussi original qu’inintéressant. A choisir, je préfèrerais voir à Nîmes une corrida de Victorino, plus une de Miura, plus une de Fuente Ymbro et une de la Quinta, là ça aurait de la gueule. Ce week-end nous avons donc vu deux mano a mano faussement toriste, le tout joué devant les caméras de Canal + Toros.
Samedi, l’ennui est venu des toros. Le premier de l’envoi un Miura de 614 kg un « tueur maison » dont hérite Rafaelillo malchanceux au sorteo, comme d’hab… Ce torero mérite le respect, il se bat sans tricher, le meilleur moment de l’après-midi. Le cornu a dominé le piéton de bout en bout mais Rafaelillo n’a pas refusé le combat, il faut savoir se battre même dans la défaite. L’estocade ? Suicidaire ! Le reste… ? L’ennui, des toros fades. A signaler tout de même la belle prestation du Cid qui a bien toréé son Miura qui n’avait de Miura que la devise, sans doute le meilleur Domecq de la feria. Pour preuve, El Cid entame sa faena par une série de 6 ou 7 passes !!! La bestiole baisse le museau et s’engouffre dans le leurre sans jamais poser de difficulté, aucune. El Cid perd les trophées à l’épée… Derrière moi : « c’est incroyable de faire ça à un Miura » moi je me pensais « c’est pathétique de voir un Miura comme ça !» Du côté de Medhi circulez y’a rien à voir.
Dimanche après midi, Castella retrouve enfin son niveau face à un très bon et très petit exemplaire de Fuente Ymbro auquel il enchaina tout son répertoire. Castella se régale et nous aussi. 2 oreilles et vuelta a ruedo. Face à son second exemplaire, originaire de la Quinta, Castella s’arrime pour résoudre les problèmes… une oreille pour l’effort. Talavante est l’autre poissard du sorteo. Son premier Fuente Ymbro s’est blessé lors de la première rencontre avec le cheval, la bête boite, gémit et personne ne semble vouloir le remplacer, peut être est-ce dû à l’absence de sobrero du même fer. Bref, Talavante le somnambule réussit l’exploit de redonner un peu de confiance à son toro et le toréé le plus doucement possible, le public est captivé. Il perd l’oreille à l’épée, comme d’hab’. A son second de la Quinta, Talavante tombe sur l’exemplaire le plus compliqué de l’après midi, ce genre de toro qui ne passe pas sans mettre de coups au cas où. A son tour Talavante s’arrime. L’effort est plus que salutaire même s’il n’arrivera pas à baisser la main ni prendre le dessus. Un recibir de travers en guise de brochette, un autre à l’endroit, une oreille et nouvelle vuelta a ruedo. Curro Diaz, de retour de blessure, ne s’est pas fait violence.
Lundi. L’ennui. Les Nunez del Cuvillo sont loin d’être intoréables. Le Juli n’y est pas, c’est rare. Morante passe son tour au premier. A son second tout le monde attend le nouveau coup de « la chaise » et la surprise vient des hauteurs. L’orchestre entame le concerto d’Aranjuez. L’émotion envahit les arènes. Morante qui avait prévu son coup, n’arrive pas à se mettre au niveau des musiciens en état de grâce mais sa faena même imparfaite dégage une émotion extraordinaire. Pris par son propre piège, Morante devra même attendre, l’épée en main, la fin du morceau avant de tuer son adversaire. Le public debout remercie l’orchestre, le sévillan n’esquissera pas un geste pour la musique. L’épée est concluante. 2 oreilles, une pour le piéton, une pour l’orchestre. Morante n’est pas satisfait. Il a la délicatesse de rendre la deuxième oreille et de refuser la sortie à hombros. Le tour d’honneur de Morante est chaleureusement fêté par le public nîmois, arrivé à la hauteur de l’orchestre, les musiciens se lèvent pour saluer l’artiste, Morante feint de ne pas les voir. Daniel Luque a des jolies gestes mais il a surtout le dont, comme l’an dernier à Madrid, de se frotter au quite avec Morante. Les gestes du petit n’égalent pas ceux du maitre mais Luque a du talent. Nul doute qu’il deviendra grand s’il abandonne ses mauvaises manières du « bon élève qui le sait ».
Mais le grand évènement de cette feria de Nîmes c’est cette banderole déployée le samedi après midi « Aficion indignée » accompagnée par de nombreux mouchoirs vert afin de remplacer la présidence. Daniel Jean Valade sera sifflé à chacune de ses prestations. La veille, Simon Casas avait pris soin de virer Laurent Burgoa (celui initialement prévu ce samedi après midi) président trop rigoureux aux yeux de l’empressa (il avait refusé le jeudi des oreilles au Juli). Jean Valade généreux par nature s’était déjà fait remarquer dès le samedi matin en offrant une queue très discutée à Manzanares. Le petit Fallot a donc pris place en présidence l’après midi. Bronca très justifiée. Par chance la course ne lui a pas permis d’accorder le moindre trophée. Paul Coulomb qui commente en direct les corridas sur Radio France Bleu Gard Lozère n’a pas semblé bon d’expliquer la cause de ces multiples broncas. La raison ? Le journaliste travaille également pour l’empressa, c’est lui qui rédige sans les signer les articles promotionnels (à la limite de la propagande) du site des arènes de Nîmes. Presse libre vous avez dit libre ?
El Boby.